Featured Text, Modern Standard Transcription, and English Translation

Featured Text – Old French version

XXVI
Mais quant à nous, oncques parler
N’oÿsmes de si grant merveille,
Car tous les preux au long aler
Qui ont esté; ne s’appareille
Leur prouesse à ceste qui veille
A bouter hors noz ennemis.
Mais ce fait Dieu, qui la conseille,
En qui cuer plus que d’omme a mis.

XXVII
De Gedeon on fait grant compte,
Qui simple laboureur estoit,
Et Dieu le fist, ce dit le conte,
Combatre, ne nul n’arrestoit
Contre lui, et tout conquestoit.
Mais onc miracle si appert
Ne fist, quoy qu’Il ammonestoit,
Com pour ceste fait, il appert.

XXVIII
Hester, Judith et Delbora,
Qui furent dames de grant pris,
Par lesqueles Dieu restora
Son pueple, qui fort estoit pris,
Et d’autres plusers ay apris
Qui furent preuses, n’y ot celle,
Mains miracles en a pourpris.
Plus a fait par ceste Pucelle.

XXIX
Par miracle fut envoiée
Et divine amonition,
De l’ange de Dieu convoiée
Au roy, pour sa provision.
Son fait n’est pas illusion,
Car bien a esté esprouvée
Par conseil (en conclusion,
A l’effect la chose est prouvée),

XXX
Et bien esté examinée
A, ains que l’on l’ait voulu croire,
Devant clers et sages menée
Pour ensercher se chose voire
Disoit, ainçois qu’il fust notoire
Que Dieu l’eust vers le roy tramise.
Mais on a trouvé en histoire
Qu’à ce faire elle estoit commise;

XXXI
Car Merlin et Sebile et Bede,
Plus de Vc ans a la virent
En esperit, et pour remede
En France en leurs escripz la mirent,
Et leur[s] prophecies en firent,
Disans qu’el pourteroit baniere
Es guerres françoises, et dirent
De son fait toute la maniere.

XXXII
Et sa belle vie, par foy,
Monstre qu’elle est de Dieu en grace;
Par quoy on adjouste plus foy
A son fait. Car, quoy qu’elle face,
Tousjours a Dieu devant la face,
Qu’elle appelle, sert et deprie
En fait, en dit; ne va en place
Où sa devotion detrie.

XXXIII
O! comment lors bien y paru
Quant le siege ert devant Orliens,
Où premier sa force apparu!
Onc miracle, si com je tiens,
Ne fut plus cler, car Dieu aux siens
Aida telement, qu’ennemis
Ne s’aiderent ne que mors chiens.
Là furent prins et à mort mis.

XXXIV
Hee! quel honneur au femenin
Sexe! Que Dieu l’ayme il appert,
Quant tout ce grant pueple chenin,
Par qui tout le regne ert desert,
Par femme est sours et recouvert,
Ce que Cm hommes [fait] n’eussent,
Et les traictres mis à desert!
A peine devant ne le creussent.

XXXV
Une fillete de XVI ans
(N’est-ce pas chose fors nature?),
A qui armes ne sont pesans,
Ains semble que sa norriture
Y soit, tant y est fort et dure!
Et devant elle vont fuyant
Les ennemis, ne nul n’y dure.
Elle fait ce, mains yeulx voiant,

XXXVI
Et d’eulx va France descombrant,
En recouvrant chasteaulx et villes.
Jamais force ne fu si grant,
Soient ou à cens ou à miles!
Et de noz gens preux et abiles
Elle est principal chevetaine.
Tel force n’ot Hector n’Achilles!
Mais tout ce fait Dieu, qui la menne.

Modern French translation

XXVI
Mais quant à nous, nous n’entendîmes jamais parler d’un si grand prodige, dar la prouesse de tous les preux de passé ne peut se comparer à celle de cette femme dont la tâche est de repousser nos ennemis. Mais c’est Dieu qui fait ceci, qui la guide, et qui a mis en elle un cœur plus grand que celui d’un homme.

XXVII
On fait grand cas de Gédéon qui était un simple travailleur ; et c’est Dieu, dit le conte, qui le fit combattre, et personne ne put lui résister, et il conquit tout. Mais quels que soient les conseils que Dieu lui donna, il est évident qu’Il ne fit jamais pour lui un miracle aussi éclatant qu’Il ne fit pour elle.

XXVIII
J’ai entendu parler d’Esther, de Judith et de Déborah qui furent dames de grand mérite par lesquelles Dieu délivra son peuple de l’oppression, et de plusieurs autres femmes courageuses, par l’intermédiaire desquelles Dieu accomplit de nombreux miracles, mais jamais autant que par l’intermédiaire de cette pucelle.

XXIX
Par miracle et commandement divin, elle fut menée au roi par l’ange de Dieu afin de l’aider. Son action n’est pas illusion, car elle a été bien mise à l’épreuve par le conseil (en conclusion, l’effet prouve la chose),

XXX
et elle a été bien examinée avant que l’on n’ait voulu la croire, menée devant clercs et sages pour savoir si elle disait chose vraie, avant qu’il ne soit notoriété publique que Dieu l’avait envoyée au roi. Mais on a trouvé dans les livres d’histoire qu’elle était destinée à accomplir cette mission,

XXXI
car Merlin et la Sibylle et Bède la virent dans leurs imaginations il y a plus de cinq cents ans et la mirent en leurs écrits comme celle qui sauverait la France, et en firent des prophéties, disant qu’elle porterait la bannière dans les guerres françaises, et racontèrent toutes ses actions.

XXXII
Et, en vérité, la beauté de sa vie montre qu’elle a la grâce de Dieu ; et c’est pourquoi on peut avoir plus de foi en ses actions. Car, quoi qu’elle fasse, elle ne perd jamais Dieu de vue, ce Dieu qu’elle implore, sert et prie ardemment en parole et en action. Jamais, en nul lieu, sa dévotion ne vacille.

XXXIII
Ô ! combien clair était ceci au siège d’Orléans, où sa force apparut pour la première fois ! À mon avis, nul miracle ne fut plus évident, car Dieu aida tellement les siens que les ennemis ne pouvaient pas plus s’aider que des chiens morts. Là, ils furent pris et mis à mort.

XXXIV
Eh ! quel honneur pour le sexe féminin ! Il est évident que Dieu l’aime, puisque tout ce peuple misérable qui a détruit tout le royaume — maintenant recouvré et sauvé par une femme, ce que cinq mille hommes n’auraient pu faire –, ainsi que les traîtres ont été exterminés ! Il y a peu de temps on ne l’aurait pas cru.

XXXV
Une fillette de seize ans (n’est-ce pas une chose hors nature ?) à qui les armes ne sont pas pesantes, car il semble qu’elle soit élevée pour cela, tant elle est forte et résolue ! Et devant elle, les ennemis s’enfuient ; personne ne peut lui résister. Elle fait cela à la vue de tous,

XXXVI
et elle chasse hors de France ses ennemis en recouvrant châteaux et villes. Personne ne vit jamais plus de force, même avec des centaines ou milliers d’hommes ! Et elle est la principale capitaine de nos hommes vaillants et capables. Ni Hector ni Achille n’eurent telle force ! C’est Dieu qui fait tout cela ; Il la mène.

Modern English translation

XXVI
But as for us we have never heard
tell of a tale so marvelous.
For all the great men of the past
none can be compared with this.
Joan’s only concern is to cast out
the invader and free us from duress
This is God’s doing who guides her and
has given her a heart greater than the rest.

XXVII
Much has been made of Gideon,
who was but a simple working man.
Yet God (the story goes) made him fight
and nothing could stand before him
and he conquered everything in sight.
But however God helped him excel
He never performed as great a deed,
as He did for Joan la Pucelle.

XXVIII
Esther, Judith and Deborah,
were all woman that were exceptional.
Through them God delivered His people
from oppression, and I have heard of
many other worthy women as well.
Through them God gave his people aid
and performed miracles with them,
but not a one can compare with this Maid.

XXIX
She was miraculously sent
by Divine command
and conducted to the king
by an angel holding her hand.
Her purpose being to help him.
Her achievement was no illusion
as she was tested (a thing is
proved by its effect, my conclusion),

XXX
She was very well examined,
before people came to believe in her.
Before everyone knew she had been
sent to the King by God, there were
examinations before learned men.
Tested as to the truth about her vision.
But it was found in history records that
she was destined for just this mission.

XXXI
Merlin, the Sibyl and Bede
foresaw her coming 500 years ago,
and told in their writings how
she would end France’s woe.
They prophesied about her that
she would carry France’s banner in war,
and put an end to all the troubles
describing all she would do long before.

XXXII
In truth the beauty of her holy life
shows she is blessed by God’s grace.
And for that reason her actions are
much more easy to accept and embrace.
Whatever she does she has her eyes fixed
upon God to Whom she prays and Whom she
serves in word and deed, which makes it plain
that her love for Him will never ever wane.

XXXIII
Oh! How clear this was
at the siege of Orleans
where her power was first shown
No miracle was more clear than that
God so aided and to all it was known.
Thru the inability of our enemies who
helped each other like dogs without breath,
So they were captured or put to death.

XXXIV
Oh! What honor for the feminine sex!
God has shown his regard for it,
in contrast to all the people who
destroyed the Kingdom and ran away and quit.
Now recovered and saved by a woman,
who did what 5000 men could not,
and now the traitors are no more.
Who would have believed this before!

XXXV
A girl only sixteen years old,
(Is this not something supernatural?)
who notices little the arms she bears
for she has been brought up for this,
so strong and resolute and natural.
And not one of her enemies can stand up to her
and instead they flee before her and run.
She does all this in plain view of everyone.

XXXVI
She drives her enemies from France,
recapturing many towns and castles.
Never was shown any greater strength,
not even with 100,000 men in battles.
And she is the supreme commander of
our brave and able men accomplishing the deeds.
Not even Hector or Achilles had such strength.
This is God’s doing and it is she whom He leads.

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